L’aube à peine levée, la cloche sonne : des moines trappistes s’installent en silence dans les stalles de l’église pour la prière des Vigiles. Ainsi commence chaque nouvelle journée au cours de laquelle les actes de dévotion ainsi que les activités manuelles et intellectuelles se succèdent inlassablement. À l’abri des regards extérieurs, les moines entrent silencieusement dans un même rythme quotidien. Pendant plusieurs mois, nous avons pu suivre certaines de leurs activités et vous proposons, à travers cette restitution, de découvrir une part habituellement cachée de la vie des moines de l’abbaye de Soligny-la-Trappe.

 

Saint Benoît

Saint Benoît est le fondateur, au VIe siècle, de l’Ordre Bénédictin. Considéré comme le patriarche des moines d’Occident, il est connu pour avoir édicté une règle qui est au fondement de l’organisation de nombreuses communautés monastiques, parmi lesquelles l’ordre cistercien de la stricte observance (OCSO) communément appelé « trappistes ».

La règle de saint Benoît

« Prie et travaille » (Ora et labora) est l’expression qui aujourd’hui sert à caractériser la vie des communautés s’inspirant de la règle de saint Benoît. C’est en effet autour de la prière et du travail, mais aussi de la lecture méditative des textes (la lectio divina), que s’organise le quotidien de ces moines. Offrant le cadre d’une stricte organisation de la vie quotidienne, la règle de saint Benoît invite les moines à suivre quatre directions : la modération (nourriture, boisson, sommeil), la gravité (et notamment le silence et le rejet de l’oisiveté), l’austérité (éloignement du monde et renoncement à la possession) et la douceur (bonté, amour hospitalité).

Les trappistes

Issu d’une réforme de l’ordre cistercien impulsée par l’abbé Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé puis dom Augustin de Lestrange, l’ordre trappiste, autrement appelé « Ordre Cistercien de la stricte observance »,  est officiellement créé en 1892, année de sa séparation avec l’Ordre de Cîteaux. La spiritualité des moines trappistes se nourrit de la Bible, de la règle de St Benoit et des écrits des pères du monachisme. Disséminés à travers le monde, les moines trappistes sont actuellement peu nombreux (environ 2600 moines et 1880 moniales).

La Trappe

Le monastère de Soligny-la-Trappe est occupé par des moines depuis la première moitié du XIIe siècle. Après plusieurs décennies de prospérité, le monastère fut touché par la guerre de Cent Ans puis par le système de la commende qui participa du délitement matériel, moral et spirituel de la communauté. Au XVIIe siècle, Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé instaura une réforme prônant une lecture très stricte de la règle de saint Benoît. La communauté connût alors un rayonnement sans précédent jusqu’à la Révolution française. Une vingtaine de moines issus de Soligny s’exilèrent alors en Suisse autour de Dom Augustin de Lestrange. Au terme de cet exil, qui contribua à la diffusion de la pensée trappiste au-delà du territoire français, certains moines revinrent à Soligny à partir de 1815. Après des périodes de grande attractivité, la communauté a vu progressivement l’intérêt pour la vie monastique diminuer. Il reste aujourd’hui une vingtaine de moines à vivre dans ce lieu chargé d’histoire.